Aller au contenu

Les zones les plus vaccinées ne sont pas les zones les moins contaminées

STOP pass inoculatoire
Publié par EM dans Analytiques · 31 Octobre 2021
Tags: Analytique
Une étude a été publiée par un respectable professeur de Harvard, SV. Subramanian, dans la livraison de septembre du European Journal of Epidemiology. La conclusion : les zones les plus vaccinées ne sont pas les zones les moins contaminées. Ce serait même plutôt le contraire.

Sa courte étude mérite une minute d’attention, à cause de son contenu, et plus encore de la réaction qu’il suscite. Elle en dit long sur la santé, la politique et la science.

Par Rémy Prud'homme - Tout le monde connaît le bref dialogue de propagande gouvernementale diffusé quotidiennement sur nos antennes : un protagoniste se demande si la vaccination est bien un frein efficace à la propagation du covid 19 ; un autre lui répond : « on peut discuter de tout, sauf des chiffres ».

Contenu
Le travail présenté s’appuie sur deux échantillons : 68 pays, et surtout 2200 comtés des Etats-Unis. Dans les deux cas, il met en regard niveau de vaccination (en % de la population) d’un côté, et taux de contamination (nouveaux malades par 100 000 habitants) durant la première semaine de septembre 2021, d’un autre côté. Aucune corrélation nette n’apparaît. Les zones les plus vaccinées ne sont pas les zones les moins contaminées. Ce serait même plutôt le contraire. Israel, l’un des pays les plus vaccinés du monde connaît dans la semaine étudiée l’un des pires taux de contamination du globe. On peut dire la même chose pour beaucoup de comtés des états de Nouvelle Angleterre (Maine, Vermont, etc.) : forte vaccination, forte contamination. Réciproquement, une bonne partie (26%) des comtés classés comme comtés « faiblement contagieux » (par un organisme officiel) se trouvent avoir des taux de vaccination très faibles (inférieurs à 20%).

L’enjeu médico-politique est considérable. Ces résultats suggèrent que la vaccination, qui a une utilité prouvée pour les sujets vaccinés en ce qu’elle prévient les formes graves et les décès, n’aurait au contraire aucune utilité sociale en ce qu’elle ne contribuerait pas à ralentir la propagation de l’épidémie. Voilà qui porterait un coup sévère à la justification des politiques de vaccination plus ou moins forcées mises en place dans beaucoup de pays, notamment en France. Ces résultats, s’ils étaient confirmés, ridiculiseraient l’argumentation de la propagande citée plus haut.

La prudence, et le conditionnel, s’imposent. L’analyse des 68 pays ignore le contexte, très différent d’un pays à l’autre, qui peut fournir des facteurs explicatifs alternatifs. L’analyse des comtés est plus convaincante, à la fois par le nombre des comtés et par leur appartenance à un même pays, qui contribuent tous les deux à estomper le rôle de tels facteurs explicatifs alternatifs. Ce petit travail ne constitue pas une preuve formelle et définitive, mais il semble bien que l’on puisse dire qu’il inverse la charge de la preuve. L’étude elle-même est d’ailleurs modérée et modeste, en dépit de son importance potentielle. Elle conclut en disant que «la primauté absolue donnée à la vaccination […] mériterait d’être réexaminée ». Ce travail est une contribution  pionnière, et un appel bienvenu à d’autres contributions ; et il se présente comme tel.

Accueil
L’accueil réservé à cette étude n’est pas moins intéressant que son contenu, notamment en France. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas modéré. Les « vérificateurs » de Libération et de LCI, qui sont à la science ce que je suis à la théologie, tirent à boulets rouges sur l’étude, à coup d’approximations et d’attaques ad hominem.

Ils n’en retiennent que la partie relative aux pays, en ignorant l’essentiel qui est la partie relative aux comtés américains. Ils affirment que le European Journal of Epidemiology est une revue secondaire, ce qui n’est même pas exact (Google Scholar la classe 7ème sur plusieurs dizaines de revues d’épidémiologie, après des revues qui sont des recueils ou des bulletins de données, et donc souvent citées) ; et n’est de toutes façons pas une critique de l’article. Ils s’indignent de ce que le deuxième auteur de l’article est un lycéen, qui a fait un long stage à un prestigieux centre de recherche de Harvard, où il a servi d’assistant de recherche au professeur Subramanian qui a eu l’élégance d’ajouter le nom de ce jeune homme au sien. Le plus ridicule est la condamnation de l’étude au motif qu’elle est « observationnelle, et non expérimentale ». Dans beaucoup de domaines, par exemple en économie, la plupart des recherches sont observationnelles : l’analyste qui veut  étudier l’impact de l’inflation sur le chômage ne peut évidemment pas engager une politique inflationniste dans un échantillon de pays et une politique non inflationniste dans un autre échantillon, pour voir ce qui va se passer. Il observe les exemples disponibles dans le temps et l’espace, et s’efforce d’en tirer des conclusions. (Certains économistes – comme Esther Duflo à qui cela a valu un prix Nobel justifié – ont bien engagé des expériences dans des domaines micro-économiques spécifiques, mais cette pratique reste coûteuse et rare). Dire que seules les recherches expérimentales sont recevables fera rire tous les chercheurs.

La violence piteusement argumentée de ces attaques contraste avec la modestie chiffrée du Professeur Subramanian. Cette violence ne mérite d’être signalée que parce qu’elle est significative de l’irruption de la politique dans la science. Une contribution questionne, sérieusement et modérément, les certitudes du pouvoir. Aux yeux de nos moralistes, cela est inacceptable, et il leur faut absolument détruire, salir, interdire, censurer ce questionnement.



0
critiques

Je ne suis pas " vacciné " contre le SARS-CoV-2
Et alors ?
Retourner au contenu